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Intelligence émotionnelle

Dernière mise à jour : 21 avr. 2020

C'est le titre du livre de Daniel Goleman, l'inspirateur de cet article, mais aussi de mon propre livre, dont je vais vous livrer tout simplement un extrait qui s'y réfère pour comprendre toute l'intérêt de travailler cette forme d'intelligence, qui est bien plus importante pour réussir notre vie, que n'importe quelle autre.



Voici ce que j'écris à travers le chapitre suivant : « Développer notre intelligence émotionnelle à travers les arts martiaux, au service de notre vie personnelle et professionnelle. » Bien sûr tout ce qui va suivre ne concerne pas les arts martiaux proprement dits, mais plutôt la façon dont nos compétences somatiques peuvent nous amener véritablement à développer notre intelligence émotionnelle pour une vie plus épanouie avec un sens de la coopération plus affûté.


« L'intelligence émotionnelle peut-être définie en quatre branches d’habileté selon le modèle de John Mayer et Peter Salovey, deux universitaires américains qui ont été les premiers à utiliser l’expression encore récente (1990) :

- notre perception émotionnelle, qui correspond à notre habilité à être conscients de nos émotions, à exprimer nos émotions et besoins émotionnels correctement aux autres. La perception émotionnelle inclut également la capacité à faire la distinction entre des expressions honnêtes et malhonnêtes de nos émotions ;

- notre assimilation émotionnelle, qui renvoie à notre habilité à faire la distinction entre différentes émotions que nous ressentons et à reconnaître celles qui influent sur nos processus de pensée ;

- notre compréhension émotionnelle, qui est notre habilité à comprendre des émotions complexes (comme le fait d’éprouver deux émotions en même temps) et celle de reconnaître les transitions d’une émotion à une autre ;

- notre gestion des émotions, qui correspond à notre habilité à vivre ou à abandonner une émotion selon son utilité dans une situation donnée.

Nous pouvons nous demander comment apprendre à gérer nos émotions. Elena Sender, reporter au magazine « Sciences et Avenir » et spécialiste des secrets du cerveau, a rédigé un article dans la revue de décembre 2010 qui s’intitule : « Pourquoi les émotions nous rendent plus intelligents ? » Elle a recensé « cinq compétences qui se travaillent », qui sont :

1 - Identifier ce que nous ressentons

L’objectif, ici, est de faire un inventaire précis des sensations physiques rattachées à chaque émotion afin d’apprendre à mieux les reconnaître. L’article mentionne l’utilité d’« être attentif aux modifications neurophysiologiques », ce qu’Antonio Damasio, Professeur de Neurologie, neurosciences et psychologie à l’université de Californie du Sud appelle les « marqueurs somatiques ». Nos émotions sont importantes à plus d'un titre : elles nous informent du fait que nous sommes « atteints » par les choses et sont révélatrices du degré d'importance en marquant leur intensité. Outre un système d'information, c'est aussi un système de communication (avec la complicité des neurones miroirs) les rendant encore plus attrayantes et responsables d'une certaine « cohésion » sociale.

2 - Repérer les facteurs déclencheurs

Ces déclencheurs sont très souvent des arcs réflexes ultra rapides qui les rendent non conscients et peuvent donner l’impression à de nombreuses personnes qu’une émotion est incontrôlable. La pratique de la méditation, de l’état présent aidera à prendre conscience de ces interrupteurs émotionnels et du processus qui génère nos émotions : il existe des déclencheurs externes mais elles sont souvent amplifiées par nos représentations mentales internes. Seulement, pour cela, nous devons travailler d’abord la distinction entre l’observation et l’interprétation. Cela revient à explorer la subtilité de notre subjectivité, d’où l’intérêt du travail martial pour approfondir ces notions.

3 – Nous exprimer pour clarifier les choses

Nous devons faire l’effort de traduire nos émotions le plus correctement possible, de manière plus précise, comme nous l’avons vu pour le stress pages 136 et suivantes. Michelle Larivey, psychologue et auteur de « La puissance des émotions » aux éditions de l'HOMME, distingue entre autres des « pseudo-émotions » (qui traduisent seulement un état comme calme ou déprimé, ou encore une image souvent approximative d’un sentiment comme se sentir « seul » ou « étouffé »), « des émotions simples » (positives comme la joie ou la fierté, ou négatives comme le chagrin ou le dégoût) et d’autres « mixtes » qui représentent un amalgame de plusieurs d’entre elles pour nous voiler la face (la jalousie, mélange de colère et de révolte, ou encore la culpabilité, mélange de colère et de peine). Chercher à les discerner nous incite à prendre du recul pour « peser » nos intentions plus objectivement, évaluer si nos actes sont en accord avec elles, et reconsidérer le meilleur moyen d’atteindre notre véritable objectif. Cette démarche va nous obliger à changer ce qui nous dérange vraiment et créer des solutions différentes pour trouver la meilleure stratégie à la réalisation de nos projets.

4 - Réguler notre humeur par l’action

L’action nous met effectivement dans un état différent. Elle nous permet d'alléger la charge émotionnelle ressentie trop fortement ou elle nous aide à faire tomber le masque en mettant en exergue une émotion refoulée ou née de l’anticipation hâtive d’un résultat. Tout en agissant, il faut que nous restions à l'écoute de nos émotions qui vont nous renseigner sur les critères satisfaisants ou insatisfaisants de nos choix, ce qui est essentiel pour que nous puissions continuer à avancer dans la direction qui nous correspond le plus.

5 - Utiliser nos émotions comme une force

L’émotion, d’une part, se constate pour nous inviter à réagir à une situation, mais aussi, d’autre part, peut se convoquer pour puiser l'énergie qu'elle recèle et atteindre plus efficacement un objectif ou vivre mieux une situation. L’article explique qu’avant de nous engager dans une activité, nous pouvons ainsi susciter l’émotion adéquate pour l’aborder positivement, comme par exemple l’envie, source d’inspiration.

Il faut garder à l’esprit qu’aucune émotion n'est une faiblesse, si nous savons en tirer profit. Il s'agit d’envisager sa partie riche d'enseignement. Prenons par exemple la tristesse, vécue souvent négativement. Michelle Larivey souligne que la plupart des gens sous son emprise se concentrent alors sur l'objet, la personne ou l'événement qu'ils considèrent responsable de leur tristesse et l'attaquent (en pensée, en parole ou en action). Ils deviennent obnubilés par ce qu'ils jugent être le(s) responsable(s) de leur insatisfaction et perdent tout contact avec le besoin. Ce genre de détournement de l'attention donne lieu à des joutes interpersonnelles aussi stériles qu'interminables ; en réalité, elle doit nous informer surtout de l'importance ou de la présence d'un besoin affectif, ici non comblé, et nous amener à nous interroger sur la façon de satisfaire ce besoin en trouvant le comportement et la stratégie les plus adéquats ; ainsi un manque affectif engendrant de la tristesse doit nous inciter à recréer une autre relation aussi nourricière plutôt que de persister dans cet état. Ceci est valable pour chaque émotion, que nous pouvons explorer sous des angles différents en adoptant un état d'esprit plutôt positif que négatif. De même, il faut aussi considérer une quelconque émotion négative (ou même une pensée) comme une sonnette d'alarme, un signal dont nous devons tenir compte dans notre parcours de vie, et qu’il faut nous appliquer à évaluer objectivement.

Sans mise en situation effective, le développement de notre intelligence émotionnelle peut rester une simple théorie. D’ailleurs, il en est de même pour les personnes qui se contentent de lire un ouvrage en espérant mieux communiquer ou régler leurs problèmes.

Dans ce chapitre, nous verrons que, grâce à la pratique des arts martiaux, nous pourrons distinguer, exprimer et réguler un grand nombre de nos émotions (comme la peur, la colère, l’anxiété, le ressentiment, la tristesse, la culpabilité, etc…), plutôt que de les ignorer, les camoufler ou les condamner comme à notre habitude, ceci à travers la richesse des échanges les mettant en perspective. Ignorer ses émotions, les refuser, c'est de toute façon condamner son corps à des souffrances ultérieures. En prenant le temps d’observer, d’entrer en relation avec nos émotions, notre « météo intérieure », nous pourrons franchir les barrières que nous avons créées en nous attachant trop à ce que nous croyons être, pour accéder enfin à notre génie personnel, qui contribuera à nous épanouir, y compris dans notre travail. En effet, pour répondre aux exigences des employeurs, qui correspondent parfaitement aux expériences cognitives proposées par les arts martiaux, il faut :

- de l’adaptabilité et des réponses créatives devant les revers et les obstacles ;

- la volonté de progresser et la capacité à se fixer un but et à l’atteindre ;

- savoir convertir ses buts en objectifs pour les rendre mesurables, observables, et mieux juger de l’efficacité de ses actions.

- un self contrôle permanent pour négocier et régler les différends ;

- et enfin, le sens de la stratégie de l’entreprise pour repérer ses codes et ses différents enjeux, et apporter adroitement sa contribution.

De plus, nous subissons tous les effets d’une pression de plus en plus envahissante sur nos activités. Ceux qui savent identifier l’état dans lequel ils se trouvent à chaque instant, qui savent déterminer si cet état est aidant ou pas pour décider d’en changer si besoin, sont rapidement plus efficients que les autres.

L'esprit martial comme sportif, exige persévérance, rigueur, vigilance, engagement et équilibre, qualités tout aussi indispensables pour augmenter les chances de réussite de notre vie professionnelle. De plus, les apprentissages de base tels que la politesse, le respect des règles et des horaires, la fiabilité et le sens de l'effort vont bien avec le monde de l'entreprise. Nous comprenons que pour progresser, accueillir un enseignement ou une formation, nous devons d’abord savoir donner, respecter un code de bonne conduite. Toute pratique martiale nous apprend à nous responsabiliser en percevant plus finement les conséquences de nos actes, de notre rapport avec notre environnement, mais aussi à avoir le goût du travail avec des partenaires différents, quelles que soient les qualités de chacun même inégales, et à être à l'aise dans les relations que nous pouvons tisser. La culture du combat nous rend moins craintifs aux liens sociaux, sans pour cela devenir provocateurs, ou chercher à être dominateurs, si nous y sommes attentifs.

Elle nous amène ainsi à développer peu à peu un véritable leadership, qualité personnelle qui implique des capacités cognitives, émotionnelles et comportementales qui conduisent à savoir motiver, diriger, aider les autres. Nous pourrons ainsi assoir un rôle plus affirmé dans notre relation avec les autres, avoir un charisme suffisant, et disposer d’une autorité naturelle, pour exercer une véritable influence sur notre entourage. Nous serons en mesure plus facilement de prendre la parole y compris au nom des autres, sans complexe, de résoudre les problèmes urgents et difficiles, d’apaiser les conflits afin de préserver la cohésion d’un groupe, de partager sa vision, d’échafauder des plans, d’organiser, exhorter, stimuler, encourager avec la perspective de réussir une action collective. Nous saurons donner du sens à nos projets, ce qui consiste à apporter mais aussi à reconnaître de la valeur aux autres, et ce qui va renforcer automatiquement notre estime de Soi pour être une formidable source d'inspiration.

Il faut donc posséder à la fois des compétences personnelles, mais aussi des compétences sociales, qui constituent les deux grands axes de ce chapitre, pour prendre les bonnes décisions et piloter notre destin de façon autonome tout en tenant compte des autres. Nous verrons que le sens des rapports et de la coopération est un atout indispensable pour prospérer ensemble, d’autant plus dans une conjoncture très turbulente. Dans toute entreprise, l’art de la communication et le sens de la relation prennent une ampleur qui ne supporte pas d’être négligée.

L’art martial nous offre ici des axes de travail particulièrement adaptés pour affronter les défis tant personnels que professionnels qui nous attendent. Le dojo offre quant à lui, un lieu particulièrement sécurisant pour activer nos capacités, les améliorer, les confronter. C’est un formidable laboratoire d’observation où l’on pardonne toutes nos erreurs. Nous pourrons apprendre à jouer avec nos émotions pour ne pas en être dépendant, comme la rage, le désespoir, la colère, la peur, etc. Nous cultiverons un esprit combatif avec détermination, constance et sérénité en toute occasion. Enfin, nous pourrons vraiment nous rendre compte que le mental et le physique forment un tout et qu’ils sont au service l’un de l’autre.

Selon Daniel Goleman, toujours dans son livre sur « l’intelligence émotionnelle », un article d’un professeur de Harvard, David McClelland, paru en 1973, intitulé « tester la compétence plutôt que l’intelligence » avait établi que ceux qui réussissent le mieux dans leur carrière en général sont ceux qui font preuve de plus d’empathie (capacité à déchiffrer les sentiments d’autrui), d’autodiscipline, d’initiative, d’engagement, de motivation, et de recherche constante de perfectionnement. Bien entendu, bon nombre de disciplines réclament et développent des qualités d'écoute, d'observation, d’initiative (en sachant « voler » l'information dont nous pouvons avoir besoin), de lâcher-prise et d'analyse consciente de soi et de chaque événement, mais l’art martial les décortique et les met en exergue dans des situations très variées. De plus, sa pratique met le doigt sur les jeux implicites de pouvoir et de manipulation, monnaie courante entre les individus, pour les transcender au lieu de les attiser, en privilégiant des valeurs essentielles de respect mutuel et de coopération. Elle nous permet encore d’approfondir notre personnalité pour évaluer plus précisément nos compétences spécifiques à faire valoir, et ainsi privilégier des secteurs d’activités ou des responsabilités conformes à ces dernières. En revisitant notre « profil » toujours très complexe, nos comportements, nos aspirations, nous connaîtrons mieux nos limites ainsi que nos axes d’améliorations pour une parfaite adéquation entre nos besoins et les attentes d’autrui, entre nos choix professionnels et les qualités requises.

Toutes ces compétences émotionnelles impliquent une maîtrise parfaite de nos sentiments mêlés aux éléments cognitifs qui sont en jeu dans une situation donnée, pour les gérer adroitement. Elles supposent une coordination étroite de la pensée logique et de l’affectivité pour leur conférer un impact émotionnel le plus adapté possible (ce sera entre autres notre aptitude à affronter un stress intense et à nous y adapter : on parle encore de « résilience »). L’enjeu est de réunir un bon nombre de paradoxes en apparence au cœur de nos ambiguïtés, dont ceux que j’ai recensé ici : intuition et réalisme, audace et pragmatisme, ordre et liberté, plaisir et contrainte, directivité de nos objectifs poursuivis et flexibilité de notre stratégie pour les accomplir, contrôle de chaque situation et « lâcher-prise », centrés sur nous-mêmes et rayonnant à la fois, esprit de coopération et maintien de l’initiative individuelle pour conserver un esprit inventif, indépendance mais solidarité avec les autres, concilier ce qui nous rassemble (étape décisive de la communication, celle de la mise en commun) et ce qui nous différencie, combatifs en sachant nous affirmer tout en respectant l’autorité légitime et en restant à l’écoute de chacun, et enfin, esprit d’initiative pondéré par un risque minimisé et calculé au mieux. Seul l’entrainement permettra à ceux qui n’ont pas ces compétences de façon innée de les acquérir et d’élargir ainsi le champ de leurs croyances possibles vers une dynamique enrichie de leurs compréhensions. L’Art martial nous fournit tous les outils et certains, originaux, pour concilier ces paradoxes, nous inspirer comme n’importe quel autre art et imposer le changement au milieu de la complexité, voire du chaos en période de crise. Nous apprendrons alors que ces paradoxes en apparence insolubles, en pratique ne sont pas en opposition mais coexistent. Comme le yin et le yang que nous avons déjà étudié, ils font l’objet d’un tout et ne sont que la conclusion de nos représentations mentales duelles.

Enfin, je voudrai ajouter que notre intelligence est multiple, qu’elle ne se résume pas à la partie émotionnelle kinesthésique (capacité à exprimer une émotion, faire un sport ou produire un bien par le biais de son corps), inter personnelle (capacité à repérer ce qui distingue les individus et notamment les différences d’humeur, de tempérament, de motivation et d’intention) et intra personnelle (connaissance introspective de soi, voire la faculté à transcender la satisfaction pulsionnelle) que nous allons plus particulièrement étudier. Howard Gardner, psychologue et auteur de travaux sur les conséquences des lésions cérébrales, en décrit huit (en ajoutant aux trois premières citées ci-dessus, l’intelligence musicale, logico-mathématique, langagière, spatiale et naturaliste). Si l’intelligence émotionnelle me semble en être le socle pour un meilleur rouage de notre société, et l’art martial, un merveilleux outil pour la développer, l’essentiel est de prendre en compte tous les types d’intelligences, de les cultiver et de les combiner. Car c’est la combinaison qui va faire de nous un individu à part entière. Pour Gardner, ces intelligences sont indépendantes mais cohabitent au sein d’un même individu. Nous naissons avec certaines, et nous décidons de développer une forme plutôt qu’une autre, dépendamment de notre environnement, de nos interactions. Chacun va développer des intérêts spécifiques, selon ses capacités, avec chez certains, par exemple, une plus grande propension à la spiritualité et aux questions existentielles. Plus nous saurons combiner toutes ces formes d’intelligence, plus nous élèverons nos compétences permettant une vision globale du problème et une résolution ajustée, en faisant des liens entre elles. Il s’agit de nous comprendre toujours mieux, d’accepter d’être imparfaits et inégaux, de rejeter tout processus d’uniformisation, d’utiliser nos différences au contraire, pour exploiter nos complémentarités. De toute façon, un seul individu ne peut appréhender le savoir dans son intégralité, il aura besoin d’échanges, offrant à la société une vision plus globale et juste d’elle-même.

Cependant, tout en cherchant à perfectionner le maximum de compétences, il est de toute façon une évidence qu’il faut que chacun puisse développer un certain charisme, compétence émotionnelle suprême, car un génie taciturne a peut-être toutes les solutions en tête, mais elles ne lui serviront guère si personne ne le sait ou ne s’en soucie. »


Voici comment j'enchaîne avec nos compétences personnelles :


« La conscience de soi est d’abord un préalable indispensable à toute acquisition de compétences émotionnelles. Elle est en effet cruciale pour la maîtrise de soi et l’empathie, elles-mêmes contribuant à la motivation, condition d’une bonne sociabilité.

La construction de cet édifice explique de nombreux rites initiatiques ou ésotériques cherchant à développer depuis la nuit des temps les compétences sociales des individus. Ceux-ci se matérialisent par des cérémonies ou des épreuves diverses parfois pénibles pour structurer le jeune individu en l’éveillant à ses responsabilités, et augmenter la cohésion et la fidélité de tout un groupe (et donc les chances de survie de ce-dernier à une époque plus lointaine) en cherchant le moyen de réconcilier tous les membres. Par exemple, près de chez nous, dans notre société chrétienne, il s’agit du baptême, de la communion, ou encore du mariage. Chez les amish, il y a un rite de transition appelé « Rumspringa » par lequel le jeune amish est amené à quitter sa communauté pendant quelques mois et à aller vivre de façon moderne. À l'issu de cette période, le jeune doit choisir le monde dans lequel il veut rester. Dans certaines sociétés primitives, l'adolescent doit accomplir certaines épreuves pour démontrer son courage avant d’être considéré comme adulte, telles que courir nu à travers un troupeau, participer à des combats de groupe, supporter la douleur de piqûres d’abeilles, de fourmis et de guêpes en s’attaquant au nid (rite d’initiation d’indiens d’Amazonie à travers lequel l’adolescent doit surmonter le supplice sans sourciller, les adultes veillant à ce qu’il n’atteigne pas la dose mortelle) ... Les remises de diplôme, le bizutage, le service militaire constituent encore des rites plus ou moins solennels ou controversés de nos sociétés modernes. Tous ces rites, comme dans les arts martiaux, ne représentent bien sûr que des chemins possibles pour explorer notre conscience et le monde qui nous entoure, avec ses limites, ses avantages et ses inconvénients. Par contre, même parfois dures, les épreuves infligées doivent toujours être bienveillantes, sans tomber dans l’humiliation et la violence gratuite. »


Et je conclue cette partie comme suit :


« Après l’exploration de nos compétences personnelles, nous allons donc aborder maintenant l’étendue de nos compétences sociales, c'est-à-dire notre façon de gérer nos relations aux autres, ou comment nous utilisons notre intelligence émotionnelle. Nous allons voir surtout comment les arts martiaux peuvent encore nous donner des clés pour améliorer nos compétences dans ce domaine.

Je remarque en outre que dans le monde de l’entreprise comme d’ailleurs dans toute forme d’organisation, s’efforcer de faire une équipe fonctionnelle et cohérente, en tenant compte des qualités de chacun, est un des rares avantages concurrentiels et un véritable outil de différenciation qui reste à sa disposition. Cette recherche exige un niveau de courage et de discipline pour prendre des décisions de meilleures quintessences que de nombreux groupes ne semblent pas pouvoir mobiliser en se confinant à des processus trop normés, individuellement inadaptés, plutôt que d’essayer d’unir les qualités de chacun. Que ce soit dans un sport collectif ou pour animer une équipe de travail, nous avons besoin avant tout de tenir compte des talents de chacun pour les exploiter au mieux en synergie avec le groupe, plutôt que se conformer à des stratégies stéréotypées. Ces mêmes groupes perdent du temps à parler de faux problèmes, à revoir les mêmes sujets à plusieurs reprises en raison du manque de coordination, à mal communiquer entre eux, à se laisser distraire ou frustré, à avoir peur du conflit ou de parler franchement. Notre capacité d’implication et notre intelligence « sociale » seront ici déterminantes pour unir toutes les énergies et atteindre les objectifs collectifs prééminents.

Linux, avec sa démarche contributive à l'inverse de Microsoft, est peut-être le futur modèle économique le plus pertinent, basé sur le partage de connaissances et la coopération, ici entre programmeurs : il a prouvé son efficacité en démontrant que la productivité peut être largement supérieure avec ce système, en rendant plus performant le travail collectif d'une multitude d'individus isolés. Un nombre plus élevé d'utilisateurs augmente directement la qualité du logiciel car l'ajout de nouveaux utilisateurs introduit de nouvelles manières de pousser le programme dans ses derniers retranchements par la grande diversité des contraintes auxquelles il doit répondre. Nous sommes ici dans une perspective de co-création au sein d'un véritable partenariat. Ainsi, le besoin de pérennité des entreprises ne peut plus dépendre d'un seul dirigeant qui pense et décide de son côté, avec de simples exécutants. Chacun doit mettre sa pierre à l'édifice, devenir un agent du savoir où tout le monde apprend, pense et exécute et où peut régner un véritable consensus avec le partage de la direction donnée. Nous rentrons dans une ère complexe où chacun doit tendre vers plus d’autonomie (en sachant apprendre et s’adapter) et de responsabilisation (en ayant conscience de faire parti d’un tout et en gérant ses frustrations), et seul un projet commun remportant l’adhésion du plus grand nombre va transcender chacun d’entre nous en vue de sa réalisation. »


Si la suite vous intéresse, je vous laisse le soin de commander mon livre et me ferais un plaisir de vous l'adresser et de répondre à toutes vos interrogations.


Dans l'attente de plaisir d'échanger.


Merci pour votre lecture.


Hubert Maillard de la Morandais

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