La résilience est l'une des cinq postures mentales à nous approprier, qui sont :
- notre intention bien alignée avec nos pensées, nos paroles et nos actes,
- la responsabilité de tous nos actes (car ce n'est qu'en les assumant que nous pourrons les ajuster),
- la disponibilité intérieure (autrement dit le lâcher-prise pour permettre à du nouveau de se manifester),
- la résilience ou le recyclage positif,
- et l'état d'esprit dirigé vers la réussite, l'optimisme (ce qui ne veut pas dire le positivisme à tout crin, mais la foi que le résultat sera le reflet de notre niveau d'engagement).

J'encourage tout pratiquant à développer sa capacité de résilience, quelle que soit son école d'art martial, comme tout entreprenant, car le véritable travail commence quand nous nous occupons de nous-mêmes, de notre premier ennemi face aux difficultés (notre ego, que l'on doit transformer en allié et non le rejeter sous peine qu'il surgisse plus fort encore), l'autre n'étant qu'un miroir éprouvant notre capacité de résilience à trouver la solution.
Voici un Extrait de mon livre "L'art martial, une voie d'accomplissement personnel" (disponible sur lulu ou vous pouvez recevoir un extrait d'une cinquantaine de pages gratuitement pour vous faire une meilleure idée en cliquant sur ce lien) dans la façon dont j'ai pu transposer les principes enseignés dans les arts martiaux et ma vie professionnelle :
« Même si l’art martial semble effectivement ne plus avoir sa raison d’être au milieu d’une société très réglementée où la violence change de physionomie (plus insidieuse, car plus psychologique que physique), il s’avère être une forme de nécessité car les principes enseignés restent quant à eux parfaitement adaptés. A fortiori, ces derniers demeurent efficaces dans les périodes d’agitation ou de conflit, mais ils s’avèrent aussi particulièrement utiles dans notre quotidien où stress, rivalités et jeux de pouvoirs dominent, ou tout simplement pour réussir dans un domaine particulier. La prise en compte de toute l’étendue des risques auxquels nous sommes exposés est fondamentale dans toutes nos actions pour éviter toutes déconvenues ou d’être frappé de façon inattendue. Cependant, contrairement à ce que voudraient certains, elle ne les annule pas ! Nous devons donc affronter les risques et non nous en écarter, comme nous y incitent par exemple certains démagogues en agitant le spectre de la « dé-mondialisation ». En croyant nous protéger, nous avons plus de chance de stagner, voir même de régresser, car nos économies sont interdépendantes et les échanges vecteurs de paix. La meilleure protection est d'aller de l'avant et chercher à inventer de nouvelles ressources comme nous avons su le faire pendant des milliers d'années. Sinon, c'est la décadence qui nous guette avec ce repli sur soi.
L’étymologie du mot « risque » viendrait du latin « rixicare » « la querelle » (développant précisément des valeurs de combat, de résistance) ou « resecum », « ce qui coupe », qui représente un « rocher escarpé », un écueil, un danger potentiel, ou encore de « rizq » « le sort » en arabe. Il vaut donc mieux nous préparer à l'imprévisible, car de toute façon, les événements se déroulent rarement comme nous les avons prévus ! Et la prudence n'est pas de refuser le risque ou de l’interdire au nom d’un « principe de précaution », car il reste toujours présent que l’on s’en détourne ou non. Il s’agit plutôt de réduire ou en tout cas de circonscrire le plus possible la probabilité de sa survenance, en s’y préparant le mieux possible tout en conservant bien à l’esprit la poursuite du but que l'on se fixe. Le meilleur équilibre doit être trouvé dans le couple minimum de risque et maximum de résultat. Lorsque le premier est bien évalué, que « le jeu en vaut la chandelle », nous pouvons l’endosser, l’accepter en connaissance de cause, en mesurant plus précisément ce qui dépend de nous pour l’éviter. D’ailleurs, heureusement pour notre économie, bon nombre d’entrepreneurs sont encore prêts à prendre des risques, avec notamment des enjeux écologiques nous imposant d’inventer de nouvelles technologies, sans en connaître toujours toutes les conséquences, comme font, il est vrai à l’extrême (car dicté seulement pour le profit de conglomérats puissants), nos voisins américains, qui culturellement, ont une attitude diamétralement opposée à notre vision européenne de la prise en compte du risque (car là où ils privilégient l’action jusqu’à ce que d’éventuelles conséquences négatives soient démontrées pour la stopper, nous autres préférons attendre que des preuves soient apportées qu'il n'y ait aucun risque pour autoriser l’action), prouvant qu’il peut exister de l’innovation répondant à l’exigence de maitrise du risque sans être obligé de renoncer aux performances.
Pourtant une fois encore, les médias nous imposent des peurs successives sans aucune hiérarchie des risques ou totalement inadaptée, faisant du sensationnel pour tout (« la presse c'est la fausse alerte permanente » disait Nietzsche) et activant des peurs négatives qui nous paralysent ou nous font abdiquer trop facilement. La peur est néanmoins utile car elle participe à porter notre attention à nous protéger. Le « principe de précaution » doit nous pousser normalement à lever des incertitudes, des inquiétudes et à agir de façon adéquate, sans tomber dans l'angoisse irraisonnée. La culture de l'immédiateté au détriment d'une perspective à long terme pèse au contraire sur cette peur panique. L’éducation martiale et ses principes seront ici une source de méthodes et de stratégies efficaces pour nous rendre plus combatifs (tant de façon concrète qu’abstraite), maîtriser nos appréhensions, juger des situations de façon plus sereine et oser de nouveaux comportements, nous permettant ainsi d’affronter la vie le mieux « armé » possible, de trouver notre place dans la société et d’en profiter au maximum sans avoir peur d’aller au bout des choses. Ils peuvent ainsi contribuer à la maturation de l’individu l’invitant à tirer les leçons de chaque nouvelle expérience qui lui est proposée. La plus importante des leçons est sans aucun doute qu’il y a moins de risque à entreprendre que de ne rien faire !
Nous savons tous que tout changement peut entraîner un danger, une perte et c’est souvent ce qui nous effraie. Mais c’est aussi l’occasion de formidables opportunités. D’ailleurs, la notion de danger en chinois est évoquée par deux idéogrammes différents, qui l’illustrent parfaitement : soit menace, soit opportunité. Ces changements sont la règle du jeu et sont devenus désormais ultrarapides et fréquents. Andrew Grove, l’un des fondateurs d’Intel, partant du constat de l'évolution frénétique des nouvelles technologies, et par conséquent de l'environnement de concurrence accrue, nous parle même de « point d'inflexion stratégique » qui représente ces moments de métamorphose, où ce qui était vrai, avant, ne l'est plus forcément. Et où, par conséquent, il convient de changer de stratégie pour se développer ou survivre. Tout l'enjeu, pour chacun d’entre nous qui souhaitons être de bons stratèges, consiste à anticiper ce type d'événements. Tout va donc dépendre de notre aptitude à anticiper, ou à défaut, à réagir à ceux-ci, à les évaluer, pour prendre les bonnes décisions, être créatifs et garder notre calme malgré la pression. Ignorer ces tensions, c’est nous fragiliser à des moments quelconques de sa vie. En outre, force est de constater que la lutte nous forme dès l’enfance. Elle est le fondement de notre dignité, elle fait ce que nous sommes et préside à notre évolution : si nous n’avions rien à désirer, rien à vaincre ou à conquérir, quel rôle aurions-nous ?... Les problèmes rencontrés doivent être un stimulant pour conquérir ce qui nous manque et devenir un être accompli, chacun en fonction de ses propres convictions. Ce qui est sûr, c’est que si nous stagnons, cela peut être dangereux à terme, en devenant incapables d’affronter de nouvelles réalités. En observant la nature, nous pouvons facilement constater que tout ce qui n’évolue pas est mort. Pour éviter d’être pris par surprise en nous laissant tomber dans la routine, il vaut mieux même savoir provoquer les changements, au moins les soutenir autant que possible, nous obligeant à prendre des initiatives, à mettre en œuvre de nouvelles compétences et de nouveaux comportements plus adaptés.
Par ailleurs, admettre que la vie ne tient parfois qu’à un fil et sentir d’où viennent les menaces réelles est très précieux pour rester sur ses gardes et cultiver une vigilance de chaque instant. La prise de conscience du danger et de la mort nous permet de mesurer avec plus d’acuité les risques que nous encourons et éviterait beaucoup d’accidents liés à l’imprudence et à la sous évaluation de ces mêmes risques. En ayant mieux conscience du danger, d’un conflit potentiel, il nous est plus aisé d’anticiper et de trouver des alternatives pour nous en sortir. Les aléas de la vie sont multiples et l’apprentissage d’une sécurité, bien que toujours relative, passe nécessairement par une confrontation au risque pour qu’il soit connu, compris et maîtrisé. En tant qu’individus responsables, conscients des conséquences de nos choix, nous devons donc savoir prendre des risques calculés et bien évalués, c'est-à-dire bien circonscrits avec un bénéfice plus grand que la perte potentielle. Il y a là une grande similitude avec mon métier d’assureur, qui consiste à gérer les incertitudes, et dont l’enjeu identique est de mettre en forme ou transformer le danger que nous éprouvons de façon subjective, en risque quantifiable et mesurable, par rapport auquel nous pouvons agir pour nous en prémunir. Pourtant je constate que bien des risques sont le plus souvent minimisés et mal évalués, sans prise de conscience des enjeux réels, ou nous préférons éviter de penser qu’ils peuvent nous toucher personnellement. Par exemple, trop peu de personnes s’intéressent à leur prévoyance malgré le risque financier majeur consécutif à un accident ou une maladie. La prévoyance est en effet une notion ambiguë car elle combine deux notions paradoxales : une face réconfortante en nous préparant par une démarche rationnelle et valorisée d'anticipation, mais aussi une face angoissante avec l'évaluation du véritable risque, car c’est accepter notre fragilité, les vicissitudes de la vie et faire le deuil de notre immortalité, qui s'avère insupportable quand on s'y heurte de façon brutale (comme nous l’explique Jean Jacques Crèvecoeur dans son livre). La prise de conscience de cette vulnérabilité constitue un processus à maturation plus ou moins lente, en dépassant le stade du déni, puis des petits marchandages avec nous-mêmes pour retarder notre décision et nous justifier. Le passage à l'acte proactif devient audacieux en mobilisant nos ressources, tout en acceptant un avenir incertain et en admettant que nous ne pouvons pas tout contrôler. Cette prise en compte effective du risque sera liée à la perception qu'elle génère chez l'individu, soit de la paralysie dans le pire des cas, soit du pragmatisme sans nier cette réalité angoissante par nature. Cette perception des risques n’est généralement fortement influencée que par nos expériences passées et il faut nous donner la capacité de les évaluer sans émotivité. A ce titre, notre estime de Soi doit être encore une fois inébranlable, pour nous donner l'assurance suffisante de nous mesurer aux dangers sans crainte excessive.

C’est cela l’esprit d’entreprise (et en particuliers l’exercice dans un statut libéral dont je fais partie), c’est penser de toute façon que nous avons en nous-mêmes suffisamment de talents pour affronter tous les obstacles (quelque fois à l’extrême, je l’accorde, car les indépendants que je rencontre, bien que certains soient conscients de leur mauvaise protection sociale, ne se préoccupent souvent de leur prévoyance ou de leur retraite qu’en dernier ressort). A ce propos, l'assurance n'annule pas le risque : elle l'évalue, elle le mutualise, mais il demeure car l'aléa reste indispensable pour que le risque soit assurable, tel que me le rappel mes cours de première année. S’il devenait certain, nous parlerions de contrat d’entretien... L’assurance nous fournit aussi, un bel exemple de solidarité très pragmatique que l'on peut chercher à développer également dans un dojo, et qui m’a été soufflé par le philosophe André Comte-Sponville lors d’une interview dans une revue professionnelle : « c'est une façon d'être égoïste ensemble et intelligemment pour affronter le risque et le rendre moins effrayant, plutôt que bêtement les uns contre les autres. » Il ajoute qu’il ne faut pas confondre solidarité et coopération, qui, seule, nous pousse à rendre nos relations plus abouties impliquant une responsabilité mutuelle d’entraide réciproque, à la générosité, pourtant indispensable, mais moins efficace sur le long terme ne rendant pas les individus suffisamment autonomes. Cette notion est aussi prégnante dans l’assurance que dans la pratique d’un Budo. » «… comme l’assurance, l’art martial passe d’une approche centrée sur nos vulnérabilités, l’évaluation des risques « structurels » (c'est-à-dire répétitifs, car liés à nos comportements ou à des conditions extérieures défavorables persistantes) ou/et « conjoncturels » (uniques, à un moment donné) auxquels nous sommes confrontés, vers la prise en compte et une valorisation de nos ressources individuelles et de nos capacités de réaction, pour savoir créer des solutions substitutives. C’est également le chemin de toute « résilience » : développer une stratégie adaptative pour sortir d’un grave traumatisme et négocier avec le stress de l’épreuve subie particulièrement éprouvante. Il est intéressant de souligner l’étymologie de ce terme de « résilience », qui vient du latin « resilire », le fait de « sauter en arrière » ou « se retirer de » (qui a donné « résilier » lorsqu’on se retire d’un contrat d’assurance par exemple), ce qui traduit :
1. Une résistance (résistance d’un métal à un choc) ; Sur le plan psychique, c’est notre capacité « d’encaisser » ;
2. De la flexibilité en nous dégageant du passé traumatique (« sauter hors » ou « en arrière » mais pas tout à fait au même endroit) pour nous diriger vers une liberté renouvelée et revenir à une vie « normale » ; Sur le plan psychique, c’est faire preuve de fluidité pour aller et venir dans le temps symbolique, donner un autre sens au passé pour lui substituer une nouvelle confiance dans l’avenir ; c’est aussi développer le sens de la clémence, du pardon pour ne pas investir notre énergie dans des ruminations hostiles ;
3. De la transformation pour rebondir malgré l’épreuve, continuer à avancer ; Sur le plan psychique, c’est notre capacité de sublimation, de créativité pour ne pas nous fixer sur les cicatrices et « retricoter les mailles déchirées ». »
Comme les arts martiaux invitent aux changements pour forger notre personnalité, la résilience passe par une véritable métamorphose (c'est-à-dire un changement absolu), nécessaire pour transformer toute déchirure en force. Ses propos consistent à apprendre à se penser soi-même en d'autres termes, lutter contre les stéréotypes que l'environnement nous récite, travailler sur l'histoire qui constitue notre identité (car le présent que l'on perçoit est imprégné par notre passé, ce qui lui donne un sens et peut créer une confiance ou au contraire une angoisse de l'avenir et un doute sur nos aptitudes), ainsi que nous entraîner à acquérir de nouvelles habiletés relationnelles, ce que nous développerons dans un chapitre entier. N’oublions pas que, si nous avons un passé, souvent nous l'utilisons pour justifier le présent, qui est en réalité le plus important car nous pouvons construire un futur différent si nous nous y employons. En d'autres termes, qui nous sommes et qui nous voulons devenir est plus important que qui nous étions. »
Fin de l'extrait